La parole à Pierre Dumoulin et Benoît Bovy, respectivement chanteur et batteur du groupe Roscoe
0Roscoe et moi c’est encore une longue histoire… J’ai connu Ben en Géo à l’ULg, très vite le courant est passé entre nous. Faut dire c’est pas un difficile le Benhuur. On s’entendait tellement bien que nous avons fini par louer une maison avec Caroline et Gilles (deux autres amis de géo) pour vivre ensemble durant quatre ans. Inutile de préciser le nombre de soirées et de gens que cette maison à vu passer hein. C’est justement via l’une de ces soirées que j’ai eu la chance de rencontrer les membres de son groupe à savoir les Roscoe, avec qui je suis parti en vacances un peu plus tard et ou j’ai eu le privilège d’assister à la naissance de plusieurs morceaux de leur album « Cracks ».
Je ne suis pas le seul à avoir apprécié la rencontre puisque Caroline est entre temps devenue la compagne de Pierre, qu’elle et moi sommes devenus parrains et marraine de la fille d’autres amis, que Pierre est devenu l’ami de Gilles, que… bref une longue histoire comme je vous le disais, mais surtout une belle histoire d’amitié !
Allez, c’est parti pour l’interview, en avant la musique (oui je sais c’était facile) !
Salut les gars, alors ce voyage au Québec ? (Ils rentrent d’une tournée à Montréal NDLR)
Pierre D. : C’était…comment dire…parfait ! Montréal est vraiment dingue. Culturellement, c’est une véritable fourmilière. Il y a des événements de taille tous les jours, des concerts partout, des expos, 15 salles de théâtre au mètre carré.
En fait, le plus dur là-bas c’est de passer une soirée à ne rien faire…Ca paraît impossible.
On a fait 3 concerts au Québec : Montréal, Québec et Saint-Adolphe. A chaque fois, on a reçu un super accueil du public. Ca s’est terminé en apothéose au Théâtre Rialto (salle mythique) en première partie d’Arthur H. Dingue !
Ben : Le plus dur, c’était surtout le retour ! Enfin, content de rentrer à la maison tout de même… On s’est très vite bien senti à Montréal (et ailleurs au Québec). Je pense que c’est notamment grâce à l’ambiance générale, très conviviale, qui règne là-bas. Le fait que cette ville « respire » n’y est pas étranger non plus. On résidait en dehors du centre-ville, sur le « plateau », et l’aménagement (hauteur limitée des bâtiments, trottoirs larges et verdure abondante…) rendait la vie sur place très agréable. Pas de stress, pas de pression. Mais bon, ils ont plus de place là-bas.
Dites-nous un peu, Roscoe, c’est quoi et c’est venu comment ?
Pierre D. : C’est venu naturellement. D’abord à trois, on essayait de combler nos après-midi et jours de congés, donc on s’essayait à des compos plutôt expérimentales. Puis, petit à petit, on s’est retrouvés à 5 et, en 2009, on a composé un EP 4 titres puis Cracks a suivi 3 ans plus tard… !
Ben : Pour ma part, j’ai rencontré les autres membres de Roscoe lorsque je jouais avec un autre groupe sur un tapis de paille au milieu d’amateurs de houblon et de quelques poules (véridique ! c’était une cave à bière à l’ambiance country bien soignée). Le hasard a fait que je les ai croisés souvent par après, en soirée ou en festival. J’ai ensuite intégré le groupe. Ensuite l’EP… Ensuite l’album…
Racontez nous vos débuts, la genèse du groupe ?
Pierre D. : Les débuts ont été assez classiques. Quand on a commencé à composer nos propres morceaux, on a sorti cet EP, puis on a rapidement cherché à le faire vivre sur scène. On est donc passé par les basiques liégeois: Escalier (passage obligé dans ce café mythique), Tipi, etc. Après cette tournée liégeo-liégeoise, on a arrêté les concerts pendant 2 ans pour composer notre premier album complet. On a tout enregistré nous même, puis on l’a mixé ici à Liège au Studio 5. Après tout a été très vite. Signature chez [PIAS], super label indépendant, bonne couverture radio et donc pleins de bonnes choses, dont les principaux festivals d’été. Ardentes, Dour, Francos.
Partir du concert à l’Escalier (un super café du Carré) pour arriver à faire quasi tous les Festivals belges et même plus, vous avez fait comment ? (Les rockeurs en herbe sont pendus à vos lèvres NDLR)
Ben : sans être très original, je dirais qu’on a beaucoup travaillé et répété, qu’on s’est souvent remis en question, qu’on a toujours eu beaucoup d’ambition et de motivation, et qu’on a eu le soupçon de chance qu’il fallait (rencontrer les bonnes personnes au bon moment). Mais être à l’affiche des festivals belges (wallons jusqu’à présent) ne doit pas être un objectif final, on a vite fait le tour en Wallonie. So keep going, avec la même fougue, et les remises en question !
S’il avait fallu un p’tit coup de pousse supplémentaire, vous auriez pris quoi ?
Pierre D. : Ce qui est le plus dur, dans la gestion d’un groupe, c’est les aspects logistiques : se déplacer, trouver un lieu convenable pour répéter, etc. J’aurais donc rêvé pouvoir trouver un local de répète idéal très vite. Un endroit rien qu’à nous, pas cher et accessible !
Jusqu’ici, votre meilleur concert/souvenir c’était ?
Pierre D. : boh je dirais Montréal. C’est le rêve de tout musicien européen, je pense, de pouvoir traverser l’Atlantique pour faire des concerts.
Ben : Je n’ai pas vraiment le souvenir d’un meilleur concert. Ce que j’aime, c’est qu’aucun concert ne ressemble à un autre. On a eu des moments formidables tant lors de petits plans à priori foireux (qui n’ont finalement pas été foireux) que lors de plus grosses dates (par exemple, jouer a coté du Palais Royal au Brussels Summer Festival, bien que malheureusement ce jour là le Roi n’y était pas… Il pourra toujours venir nous voir à nos prochains concerts !).
Et le pire ?
Pierre D. : Un concert dans une petite salle à Louveigné il y a pas mal d’années. Rien n’a été pour moi. Cordes qui cassent les unes après les autres, pas de retour, aucun feeling sur scène. Dans ces cas là, 1 heure peut paraître une éternité !
Ben : les plans foireux qui se sont effectivement révélés foireux. Heureusement, ils ont été rares.
La question « EXCLU », un nouveau projet dans les cartons ? (Oui, je tente de griller Marc Ysaye sur le fil. Et alors ? NDLR)
Pierre D. : A très court terme, on prépare ardemment notre concert au Botanique du 26 octobre prochain. Y aura quelques surprises, ca va être une belle soirée.
A moyen terme, on prépare la sortie française de l’album, pour le début de l’année prochaine ! Beaucoup de promo à faire. On repart de zéro là-bas !
La question « coup de gueule » : Dites-nous un peu un truc qui vous fait vraiment ch*** et que vous voudriez voir changer.
Pierre D. : je pense que ce qui me fait le plus chier, dans la gestion de la culture à Liège, c’est le manque de vision à long terme et l’incapacité de fédérer les efforts des acteurs. Y a tellement de bonnes initiatives et de talents à Liège que je trouve vraiment dommage que, chacun dans notre coin, on soit tous en train de se dépatouiller pour trouver un local de répète convenable (nous on a de la chance, le notre est cool=), des lieux de création adaptés, des endroits où se produire, où exposer. C’est tellement le bordel au quotidien que plein d’initiatives sont avortées avant même d’avoir pu vraiment se développer.
Ben : Concernant Liège et les musiques actuelles, jusqu’à présent, je trouve qu’il manque vraiment un endroit dédié exclusivement aux concerts, avec une bonne acoustique, et surtout à l’échelle de la ville ! Il y avait bien la Soundstation à l’époque, mais elle n’est plus. Aujourd’hui, on a d’un coté des initiatives intéressantes (Fiacre, Tipi, Escalier…) mais de capacité limitée lorsqu’il s’agit d’y accueillir des groupes d’une certaine envergure, et d’un autre coté des lieux inadaptés ou de taille démesurée (Caserne Fonck, Country Hall). Des clubs/salles de concerts de taille adaptée existent dans d’autres villes provinciales belges, pourquoi pas à Liège ?
La question des Liégeois : C’est quoi le truc à Liège qui vous fait vraiment « kiffer » ?
Pierre D. : j’aime Liège parce que c’est juste assez petit pour avoir une vie sociale à taille humaine et juste assez grand pour pouvoir découvrir tous les jours de nouveaux aspects.
Ben : Les Liégeois !
Un dernier mot pour la route ?
Pierre D. : Bonne chance pour dimanche, Saïmone !
Ben : Merci, et bonne route Simon !
Super, merci les gars !
Et si on changeait les choses ?
Une proposition construite Pierre et Ben du groupe Roscoe :
Pierre D. : Ce qui me tient le plus à cœur, c’est le soutien aux artistes. En ce qui concerne la musique, domaine que je connais le mieux, il y a un réel manque de structure « globale ». La ville devrait pouvoir nous aider à créer des lieux de création adaptés, afin que ça se fasse dans le respect de chacun. Beaucoup de locaux de répètes sont bricolés, peu confortables et sont confrontés à des plaintes du voisinage. La commune doit pouvoir nous aider à trouver notre place et à nous intégrer mieux dans le projet de Ville.
Je pense aussi qu’il y a un réel travail de concertation à effectuer au niveau culturel. Il faudrait que tous les acteurs culturels puissent travailler ensemble, tant que possible. Par exemple, qu’il existe un calendrier commun à tous les organisateurs d’événements liégeois qui permettrait de ne pas se marcher sur les pieds. Il y a des week-ends où il ne se passe rien à Liège, puis d’autres où on reçoit 15 propositions d’événements intéressants. Si on se concertait, on pourrait mieux échelonner et cela profiterait à tout le monde.
Nom di Djû, vous me faites plaisir avec votre proposition. Pour commencer, vos propos se retrouvent en grande partie dans mon interview. (Pas étonnant, vu que l’on écume les bars et les soirées ensemble le WE)
Ensuite concernant la problématique des locaux de répèt’ et le soutien aux jeunes artistes du cru que dites vous de cette partie de notre programme :
« La ville doit favoriser le renforcement de l’offre en matière de salles de répétition, d’ateliers, etc., notamment en permettant l’occupation des locaux qui lui appartiennent et qui sont inoccupés (par exemple, les écoles en soirée et le week-end). A moyen terme, la participation à l’ouverture d’une maison des artistes –comme lieu de rencontre, de répétition et de création– pourrait répondre à certains besoins spécifiques. »
Ne ratez pas leurs prochains concerts :
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